Ne dites-plus “relations presse” mais “relations médias” !

C’est un fait ! L’explosion des réseaux sociaux et les usages de l’internet everywhere/everytime permettent un accès universel à l’information. Cela change sensiblement la donne pour un grand nombre de profession, dont celui des relations presse.

Une mutation des enjeux ?

Non content de devoir s’adapter aux nouveaux outils disponibles, il faut désormais prendre en compte la mutation des enjeux et des différentes pratiques de tous les acteurs du secteur.

Pour tous les acteurs du secteur, que ce soit les professionnels de la communication, les internautes, les marques, les agences ou les journalistes, ces profonds changements des usages impactent la façon d’appréhender des métiers qu’on pensait connaître jusqu’ici.

Le marketing a évolué au rythme de ces nouveaux usages, pour permettre aujourd’hui à l’ensemble des acteurs d’exister sur internet au travers du « marketing digital » et de ses enjeux. On compte parmi ces différentes pratiques, le « brand content online » mais aussi le SEO, le retargeting ou le social media.

Une mutation digitale

Les relations presses elles aussi amorcent depuis quelques années leur mutation digitale. Et si le mot relation presse tendait à disparaitre au profit du titre de relations médias ? c’est un des symptômes de la transformation des RP de demain.

Pour comprendre la mutation de ces enjeux, nous avons voulu en savoir un peu plus.

Et c’est Catherine CERVONI qui a accepté de répondre à nos questions !

Catherine, peux-tu présenter rapidement ton parcours et ton métier ?

J’ai travaillé de nombreuses années chez l’annonceur comme responsable de communication, marketing et relations presse et public avant de ne gérer plus que cette dernière partie. En 2010 j’ai lancé ma propre activité toujours en RP ajoutant peu à peu une expérience complémentaire en ce qu’on nomme les RP 2.0. Ce qui me permets de mettre en place des stratégies à 360° avec une casquette consultante, attachée de presse et même formatrice.

Pour toi, quel-est le plus grand défi que doivent relever les RP dans cette révolution digitale ?

Aujourd’hui les RP doivent être en mesure de proposer la meilleure stratégie pour un client ce qui présuppose de maîtriser les relations presse dites traditionnelles ET les RP 2.0. Il faut savoir utiliser les bons leviers au bon moment et coupler les 2 intelligemment à chaque fois que cela est possible. Le métier change et se transforme en relations médias.

C’est un véritable défi car notre métier a considérablement évolué sous la pression du digital et de tous les nouveaux espaces d’expressions qu’il a fait naître comme les blogs et les réseaux sociaux. Nous avons dû continuer à nous intéresser aux journalistes mais aussi à de nouveaux influenceurs comme les blogueurs. Et quand je dis « s’intéresser » ce n’est pas seulement les identifier et constituer un fichier, c’est lire leurs articles, apprendre à les connaître, comprendre quels sont leurs centres d’intérêt et leurs attentes, et enfin essayer de les contacter et tisser des liens avec eux.

Comme cette « nouvelle génération » est très connectée, nous avons dû également apprendre à maîtriser les réseaux sociaux, sans compter que les journalistes se sont également emparés de ces réseaux sociaux comme nous le démontre la  dernière étude Cision  -91 % d’entre eux les utilisent dans leur cadre professionnel -.

Le CP et l’e-mail et ne sont plus les uniques contenus et outils que nous avons à notre disposition, surtout dans ce climat d’infobésité et de sur-communication (en moyenne un journaliste reçoit un CP toutes les 8 minutes !).

Nous avons dû réfléchir à « des contenus » plus adaptés, plus visuels, plus faciles à traiter, très qualitatifs et déclinés selon nos cibles. Nous avons dû apprendre à être de plus en plus agiles, à jongler entre différentes formes d’écriture ou de production qui répondent chacune à des codes précis.

Notre temps de travail a au minimum doublé !

Cette révolution numérique modifie t’elle les relations avec les journalistes ?

Elle a fortement impacté les relations avec tout notre écosystème, journalistes inclus. Les réseaux sociaux sont devenus un canal supplémentaire pour communiquer avec les journalistes, et pas seulement par message privé pour leur demander s’ils ont bien reçu un CP ou les inviter sur une opération. On a vu dans l’étude Cision que les journalistes utilisent notamment les réseaux sociaux : pour publier du contenu (71%), faire une veille (70 %), s’informer (61%). En partageant les informations de nos clients, nous avons une chance supplémentaire d’attirer leur attention. A plusieurs reprises des journalistes m’ont demandé des mises en relation avec mes clients suite à des parutions d’études : ils souhaitaient les interroger en tant qu’experts sur des dossiers qu’ils réalisaient.

L’étude révèle également une tendance émergente : l’utilisation des réseaux sociaux comme un indicateur de mesure : 57 % des sondés les utilisent pour savoir si leur contenu a eu du succès (a-t-il été partagé, commenté …) et 59 % estiment que c’est un indicateur qui leur permet d’orienter la création de leur contenu. Les réseaux sociaux deviennent l’une de leurs sources « d’inspiration » et nous avons plus que jamais intérêt à rechercher des sujets intéressants capables de générer de l’engagement toujours dans l’optique de les inciter à nous prêter attention.

Pour terminer sur une petite anecdote : il arrive que certains médias ayant repris une information de mes clients me disent « et n’hésitez pas à partager sur vos réseaux sociaux », ce que je fais toujours automatiquement.

Et qu’en est t-il des influenceurs ?

Le terme « Influenceur » se retrouve dans un nombre croissant d’articles, chacun a sa définition, chacun son classement sur ses propres critères… Nous avons voulu savoir qui ils étaient pour ceux qui étaient amenés à les contacter (les RP, les marketeurs et communicants). Pour cela nous avons mené, toujours avec Cision, une étude. Pour ces 3 métiers, les journalistes arrivaient en 1er (à 84 %) suivis des blogueurs (à 75 %) puis des experts (à 60 %). Comme je l’ai indiqué, les RP ont l’habitude de travailler avec la 1ère catégorie, ils ont dû apprendre à le faire avec les 2 autres. Pour ma part, cela a été à l’origine du blog que j’ai créé il y a quelques années : je voulais comprendre leurs contraintes, leurs attentes, ce qui est important pour eux … même si je ne suis pas très active par manque de temps cela a été et est toujours très riche en expériences.

Avec le social media, tu trouves que les entreprises ont parfois tendance à oublier les RP dans leur stratégie de marque ?

J’ai la chance d’avoir des personnes qui s’adressent à moi car elles ont compris qu’une stratégie devait être à 360° et donc intégrer RP et social media. J’ai toujours défendu l’idée qu’une stratégie efficace est basée sur un mix qui inclut le marketing/web marketing, les RP, la publicité, la communication … à chaque action correspond un objectif qui peut être commun mais parfois différent. Les RP / relations Influenceurs se construisent dans le temps, sur le long terme, elles nourrissent la notoriété. Une action de social média ou de marketing va générer des leads immédiats… Une entreprise a besoin de l’ensemble de ces actions et de les conjuguer dans une réflexion globale et non parcellaire comme c’est parfois le cas.

Je pense que la prochaine étape est plus d’apprendre à réfléchir et à travailler tous ensemble et à trouver la bonne organisation entre CM , RP, web marketeur, rédacteurs …

Pour terminer ce dossier, vous pouvez retrouver l’intégralité de cette étude ICI